©Eva-Luna

Cie Ciel
Organisée par l’Entre-Pont dans le cadre du projet des résidences accompagnées
> 19h
Entrée : participation libre - buvette et restauration sur place
Pour réserver, cliquez ici

Cirque - tout public

Venez découvrir cette première présentation publique du spectacle « La marelle » actuellement en cours de création.
Un corps qui parle le langage de l’acrobatie, un texte qui habite des mouvements. Des mouvements qui écrivent sur leur passage. Le corps impulse, implose, laisse des traces. La voix sursaute, crie, chuchote. Un texte sur la vie, sur une marelle, la vie comme une marelle : les contradictions, les coïncidences et l’incertitude d’arriver au ciel.

L’artiste 
Eva Luna Frattini, italo-argentine et lectrice convaincue. Après ses études en philosophie, c’est la rencontre avec le cirque: d’abord à l’école amateur de cirque Carampa de Madrid, ensuite, la formation professionnelle artistique de Piste d’Azur à la Roquette-sur-Siagne. Spécialisée en portés acrobatiques et équilibres sur les mains, Eva continue à croiser sa passion pour la lecture avec le langage corporel du mouvement dansé et acrobatique.

La compagnie  
Cie L. Elle comme Luna, elle comme la lettre qui manque pour arriver au ciel. La compagnie est créée par Eva Luna en sortant de l’école Piste d’Azur

Démarche artistique / mot de l'artiste :
Ma référence littéraire et source première de mon inspiration pour le numéro est l’œuvre Rayuela (Marelle, dans la traduction française) de l’argentin Julio Cortázar, et en particulier le chapitre n° 104. Ici la traduction de l’espagnol en français : 
 
La vie, comme un commentaire de quelque chose d’autre que nous ne pouvons atteindre, et qui est là, à portée du saut que nous ne faisons pas.   La vie, un ballet sur un thème historique, une histoire sur un fait vécu, un fait vécu sur un fait réel.   La vie, photographie du noumène, possession dans les ténèbres (femme ? monstre ?), la vie, proxénète de la mort, splendide jeu de cartes, tarot aux formules oubliées que des mains arthritiques rabaissent à n’être plus qu’un lugubre jeu de patience.
 
Le texte, d’un fatalisme romantique, n’est qu’une liste des tristes images, de belles images, insignifiantes et absolues. Des évocations, des détails, qui cherchent à dire la nature de la vie, une nature qu’on découvre être purement esthétique. La vie, en fait, ne semble n’avoir aucun sens ; inexplicable dans ses contradictions, ses coïncidences, son incertitude. Ce qui reste c’est la musicalité des paroles, la sophistication des symboles évoqués, un sentiment de nostalgie du temps. Plus généralement, ce sont les courants littéraires du surréalisme et du réalisme magique sud-américain (dont Cortázar fait partie) qui nourrissent mon imaginaire artistique. L’incongruité est acceptée comme partie de la (des) réalité(s), le manque de signification n’est pas vécu de manière pessimiste, la beauté semble justifier, peut-être, notre inutile présence sur terre.  Cette vision me rappelle la recherche philosophique nietzschéenne (référence presque constante dans mes travaux), qui consiste à  « joindre en une seule chose poétique tout ce
qui chez l’homme n’est que fragment et énigme et lugubre hasard ». La mélancolie de l’absence du sens est substituée par un amour terrestre pour la vie, que seule une écriture poétique peut arriver à décrire.  
 
Et si seulement l’art peut dire ces idées, mon travail s’inscrit comme une tentative  de donner corps, dans le sens propre du terme, à la conception de la vie de Cortázar. Les mouvements acrobatiques constituent le langage artistique alternatif à l’écriture de l’écrivain argentin; le texte dit devient l’univers sonore de fond sur lequel se déroule le numéro.   Le corps chute, impulse, implose, dessine des lignes, des cercles; l’énergie qui le parcourt le décompose, il est habité par des images. En tant que circassienne mon corps est dynamisé par la technique aussi, laquelle a toujours exercée une subtile fascination sur moi. Je vois la technique non pas comme un vide à remplir d’un contenue artistique, mais comme une forme de communication physique parmi d’autres recherchant la performance.

Actuellement La marelle se présente en forme de numéro de 7 minutes. Mon projet est de faire grandir cette matière pour créer un court spectacle d’environ 30 Minutes.